Nola Metro Gold II
Joël Chevassus - Septembre 2017
Cela faisait longtemps que j'avais envie de tester chez moi une paire
d'enceintes acoustiques Nola Speakers.
En effet, il y a parfois une empreinte sonore qui retient votre
attention, et qui vous fait aimer une marque d'enceintes tout
simplement parce qu'elles déclenchent en vous une vraie sensation de
plaisir.
D'autant que je me souvienne, je n'ai jamais été déçu par une seule
écoute de Nola en salon. Pourtant, j'ai assisté à de nombreuses
démonstrations, des plus petits modèles au plus grands, et, à chaque
fois, la fluidité du message sonore sortant de ces caisses en bois
laqué m'a enthousiasmé, et incité à rester assis un bon moment au côté
de Carl Marchisotto, leur concepteur, non pas pour discuter technique
mais pour tout simplement partager une écoute.
Je crois bien que ce cas est unique, et je n'ai pas en mémoire
d'autres exemples d'écoutes successives des réalisations d'un
fabricant d'enceintes qui aient pu me faire réagir dans le bon sens
aussi unanimement... Même la démonstration il y a quelques années du
haut de gamme Nola "Grand Reference" dans une salle de taille modeste
à Munich, semblant à première vue inadaptée à un tel système, m'avait
vraiment interpelé par la qualité de la prestation délivrée ce jour
là...
Carl Marchisotto connait bien sûr parfaitement son affaire et
certaines petites astuces sont répétées invariablement comme celle de
positionner les transducteurs sur le mur de la longueur, privilégiant
l'espacement latéral par rapport au recul du point d'écoute, ainsi que
le fait de déporter les électroniques afin de garder un espace vierge
entre les deux enceintes. C'est sans doute moins intéressant pour le
fournisseur d'électroniques associées de voir ses produits cantonnés
dans un angle de la pièce, mais Carl est inflexible sur la mise en
œuvre de ses produits car seul compte le résultat à l'écoute.
La physionomie parallélépipédique des enceintes Nola renforce
ce côté un peu "vieille école", en choisissant des haut-parleurs assez
classiques, cônes et rubans. Mais cette volonté de travailler dans les
règles de l'art, confère néanmoins une certaine originalité à cette
production, à force de voir se propager un peu partout au sein de
l'offre mondiale les membranes céramique Acuton.
Ecrire d'ailleurs que les enceintes Nola sont conventionnelles serait
inexact. Le fait de travailler sur une base de baffle plan (dipole)
pour les hautes fréquences et sur une structure bass reflex dans le
bas du spectre, et sans pour autant perdre l'homogénéité des formes et
du résultat sonore, est assez inédit.
J'aime aussi le style sans chichi de la famille Marchisotto. Carl est
un personnage entier et on ne s'embarrasse pas avec lui de faux
semblants ou de mise en scène pompeuse destinée à mettre en avant le
côté exclusif de ses produits ou à en justifier (de façon plus ou
moins habile) le prix demandé.
Non, avec les Marchisotto, c'est du direct, du simple et une certaine
forme de constance dans la façon d'aborder les choses : le plaisir
d'écouter de la musique, et pas grand chose d 'autre...
Carl Marchisotto m'a d'ailleurs confié que la réorientation de son
entreprise vers une structure exclusivement familiale (i.e. père, mère
et fille) lui avait permis de réduire considérablement le temps et
l'énergie perdus dans les luttes intestines, les problèmes d'égo et
les conflits d'intérêts que peut revêtir l'association capitalistique
avec de tierces personnes. Simple mais efficace, et sans doute aussi
la voix de la raison dans un marché aussi fragmenté et bataillé que
celui des enceintes haut de gamme...
Il est loin le temps où Carl Marchisotto officiait chez Dalquist en
tant que concepteur de nombreux modèles phares comme les DQ-8, DQ-12
et DQ-20. Carl, Marylin (son épouse), et Kristen (sa fille) sont les
trois personnes qui de la famille à diriger l'entreprise Accent
Speaker Technology Ltd, et la marque Nola.
C'est ainsi qu'à la sortie de la seconde génération des Metro Grand
Reference Gold, Carl m'a proposé de les tester en avant première,
opportunité que j'ai saisie avec le plus grand plaisir.
Cette nouvelle version est une revisite en profondeur du
précédent modèle, la Metro Grand Reference Gold, elle-même étant une
évolution de la version originale "Metro Grand Reference".
Au delà de ce nouveau modèle, culminent les enceintes Grand Reference
VI Gold et Concert Grand Reference Gold.
Presque tout a été modifié à l'exception de la caisse et du
haut-parleur de médium. Ainsi, les deux transducteurs de grave en
magnésium ont été retravaillés, afin d'en abaisser la distorsion et
d'accroître par conséquent le niveau de précision et la plage
dynamique. Le tweeter a ruban a également été revisité ainsi que le
filtre qui bénéficie de composants encore plus haut de gamme que ceux
de la précédente version.
Enfin, les Metro Gold 2 sont dotées en standard du système de double
plateforme à billes qui permet d'isoler les vibrations parasites et
néfastes du contact avec le sol.
Carl Marchisotto est venu installer dans ma pièce avec son
distributeur français, la société Tecsart, des colonnes assez fines et
discrètes, dans une livrée de laque noire très élégante. Ces enceintes
sont proposées de série en finition bois de rose laqué, mais je trouve
que l'alliance du noir laqué avec les éléments de finition dorés
constitue finalement une combinaison très esthétique. D'autres teintes
et finitions sont également disponibles sur demande.
Les deux woofers coniques d'origine SEAS, en alliage de
magnésium sont le fruit d'une customisation très poussée (fabriqués
sur cahier des charges). Ces haut-parleurs de dimension modeste (16
cm) bénéficient chacun de leur propre charge isolée et asymétrique de
type bass reflex avec un évent arrière de dimension généreuse. La
caisse embarquant les deux woofers est constituée de 5 strates, dont
les deux dernières couches intérieures servent à amortir les
résonances interne du cabinet.
Les ferrites standard des woofers ont été remplacées par des aimants
Alnico garantissant un niveau de distorsion plus bas et donc davantage
de précision et de clarté. La version 2 des Metro Gold, embarquant de
nouveaux transducteurs de grave, réduit encore le niveau de distorsion
dans le bas du spectre, avec aussi une amélioration de la réponse
dynamique des deux woofers Alnico. Le grave / bas médium est ainsi
subjectivement plus rapide, descend plus bas et sans traînage
audible. La masse de la structure mobile de chaque haut-parleur (13
grammes) est très légère par rapport à ce qu'on trouve généralement
dans cette catégorie de transducteur.
L'ogive centrale en cuivre et plaquée or sert à la fois de cache noyau
et de correcteur de phase. Le plaquage or n'est pas là uniquement pour
des raisons esthétiques ou pour renchérir le prix de cette version
mais pour sa capacité à mieux amortir les vibrations sur cette partie
du haut-parleur et assurer ainsi une meilleure réponse du HP et une
directivité moins marquée.
Cette décision d'évoluer vers ces options plutôt onéreuses a été
validée après de nombreuses séances d'écoutes comparatives entre
ogives standard et ogives plaquées or.
Le haut de l'enceinte est une prolongation de la face avant, mais
complètement ouverte sur les côtés et l'arrière, à l'instar d'un
montage baffle plan. Cette architecture permet de limiter toute
coloration ou son de boite en neutralisant de façon radicale la
problématique de l'onde arrière des haut-parleurs. Dans ce cas de
figure, c'est donc la salle d'écoute toute entière qui fait fonction
de chambre de décompression de l'onde arrière des transducteurs de
médium-aigu.
Cette structure héberge ainsi un cône de médium en papier traité de 11
cm, lui aussi doté d'un aimant Alnico, et un tweeter à ruban (membrane
aluminium) manufacturé en Serbie (chez le fabricant RAAL), capable de
monter à 100 kHz sur le papier. Le ruban est placé entre des barreau
d'aimants néodyme et est relié à un transformateur adaptateur
d'impédance afin de la ramener à 8 Ohms.
Les Metro Gold 2 bénéficient d'une évolution du profile de la platine
chargeant le ruban, usinée directement chez Nola, et visant à
accroître encore davantage l'ouverture et la transparence du
tweeter. Le transducteur conique de médium est exploité sur une large
bande de fréquences allant de 200 Hz à 3.500 Hz, ce qui permet de
garder une certaine cohérence en matière de phase acoustique et de
réponse en amplitude sur cette zone critique. Il est positionné de
façon asymétrique afin de limiter l'effet de peigne.
Carl Marchisotto est un partisan du mono câblage. Les borniers arrière
sont par ailleurs usinés dans un cuivre de haute qualité et tout le
câblage de interne de l'enceinte est réalisé avec des conducteurs mono
brin argent haut de gamme de chez Nordost.
Le filtre de l'enceinte est réparti sur trois circuits séparés afin de
limiter les perturbations magnétiques, et embarque les meilleurs
composants du marché en termes de condensateurs et de
selfs. L'architecture est basée sur un filtrage propriétaire à pente
variable (variant de 6 à 12 dB). Carl Marchisotto n'est pas un adepte
des pentes raides. En effet, il considère que ceux-ci sont trop
pénalisants en matière de réponse sur les transitoires.
Le câblage des circuits est réalisé en l'air et les condensateurs
utilisés figurant parmi le très haut de gamme à faible inductance de
chez Mundorf. Carl Marchisotto s'attache à n'employer aucune self à
base de fer ou de ferrite, ni de circuits imprimés, ni de fusibles
d'aucune nature, ce afin de garantir la linéarité la plus élevée.
En termes de spécifications techniques, les Nola Metro Gold 2
affichent les performances suivantes:
- Réponse en fréquences de 25 Hz à 100 kHz,
- Sensibilité assez basse de 87 dB
- Impédance nominale assez confortable de 8 Ohms, avec un point bas à 4 Ohms (entre 100 et 150 Hz).
Impressions d'écoute:
Il a fallu travailler le positionnement des enceintes de façon
précise, ce qui n'est a priori pas une grande surprise. Néanmoins, le
positionnement de mes enceintes, tel qu'indiqué par le marquage au
sol, fonctionne généralement assez bien avec d'autres paires
d'enceintes, quel que soit leur format.
Mais cette forme d'universalité ne s'est pas vérifiée avec les Nola
qui nécessitent à la fois assez peu de pincement, voire pas du tout,
et aussi un certain éloignement des murs latéraux. Je ne peux pas dire
que mon positionnement habituel était totalement inefficient, mais il
a fallu l'optimiser progressivement pour retrouver ce son typique des
enceintes Nola que j'affectionne particulièrement. Le son des
réalisations de Carl Marchisotto est caractérisé par une fluidité
assez peu commune, ainsi qu'une holographie vraiment bluffante.
Pour moi, les Nola sont à l'enceinte acoustique ce que le tube est au
transistor en matière de préamplification, non pas qu'il soit
impossible d'arriver à un résultat très proche avec des transistors,
mais c'est tellement plus évident d'obtenir cette illusion de présence
et d'incarnation avec un bon préampli à tube, alors que c'est toujours
beaucoup plus compliqué avec des étages à transistors...
Utilisez une belle paire de Nola avec une amplification à tube
suffisamment puissante pour faire face à un rendement peu généreux, et
c'est une apothéose de fluidité, comme si les molécules d'air se
chargeaient elles-mêmes de musique.
Bref, il m'a fallu un peu de temps pour trouver le positionnement
idéal mais cela en valait la peine : l'image s'élargit et l'espace
devient liquide.
La qualité de timbres est aussi au rendez-vous avec un très joli
bas médium, riche et varié, ainsi qu'un haut médium très saturé.
Le tweeter à ruban s'intègre très naturellement au dessus de ces
moyennes fréquences très charnelles. La qualité du tweeter est assez
bluffante également. Il y a bien sûr cette élégance naturelle du
ruban, mais il y aussi beaucoup de vie et de rythme. C'est très
habilement fait et l'association est vraiment réussie, mieux de toute
évidence que ce que j'ai pu écouter chez Apertura ou Lawrence Audio
précédemment, enceintes qui donnaient pourtant déjà de bons
résultats...
Les basses fréquences sont toujours une gageure sur des colonnes de ce
format fonctionnant en bass reflex. On obtient des résultats très
variables mais on n'a pas pour autant l'extension et l'amplitude qu'on
pourrait avoir avec de plus grosses enceintes et de plus gros HP.
Néanmoins, ce registre semble avoir nettement progressé par rapport
aux précédentes versions des Metro Gold. Du coup, même si la tension
dans le grave n'est pas aussi saisissante qu'avec les Vivid Audio G1,
les Metro Gold 2 ne laissent pas apparaitre un quelconque sentiment de
frustration, surtout si on écoute essentiellement de la musique
acoustique. Elles savent se montrer également convaincantes sur de la
musique amplifiée ou électronique mais elles ne sont certainement pas
aussi universelles que les Vivid Audio.
L'équilibre général de l'enceinte m'a paru vraiment très bon. Si j'ai
pu émettre plus haut quelques réserves par rapport à une paire
d'enceintes allant plus loin dans le bas du spectre, je ne toucherais
sincèrement à rien sur les nouvelles Nola Metro Gold car l'équilibre
est proche de la perfection.
Ce sont des enceintes qu'on recommandera certainement davantage aux
amateurs de musique classique ou de jazz, ou de variété et d'opéra,
qu'aux fans de heavy metal. Carl Marchisotto a développé une enceinte
selon ses affinités, et l'homme écoute principalement du classique et
du jazz, ceci explique cela...
Mais pour en revenir au registre grave, il est surprenant car la
réponse de l'enceinte dans cette bande de fréquences est
subjectivement convaincant. Le grave est rapide, il n'est pas lourd
mais plutôt nuancé. Là encore, la coupure avec le HP de médium est
vraiment très bien amenée et on a presque l'impression d'écouter une
enceinte large bande qui serait plus linéaire dans le bas et le haut
de sa bande passante que le seul haut-parleur typique embarqué par ces
dernières.
Les Metro Gold 2 sont particulièrement performantes en ce qui
concerne la restitution des voix. Le grain ainsi que la sensualité
cristalline des voix féminines sont magnifiquement reproduits.
Sur l'album "Handel" de Sonya Yoncheva, c'est vraiment flagrant. Je ne
suis pourtant pas un inconditionnel de Handel bien qu'il m'arrive d'en
écouter assez souvent.
En fait, l'écoute de l'album de la soprano bulgare avec les Nola m'a
rappelé l'une des leçons (conférences-concert) de William Christie et
ses Arts Florissants qu'il avait donné en 2015 à la Philharmonie de
Paris à propos de la réthorique de la passion et l'éloquence dans la
musique baroque.
J'avais été assez bluffé par la justesse de chacune des deux
interprètes féminines (Lucía Martín-Cartón et Léa Desandre) dans
l'incarnation des diférents sentiment et états de l'âme humaine. Et,
avec les Metro Gold 2, j'ai ressenti une émotion analogue, pure et
très directe, comme si l'éloquence de la musique de Handel n'avait pas
perdu de son éclat à mes oreilles depuis cette performance live. C'est
vraiment une sensation troublante.
Sur la voix jazz de la chanteuse du pays du matin calme (Youn
Sun Nah) captée en live à Munich en duo avec Ulf Wakenius, les Metro
Gold 2 ont tout autant servi les timbres de la Coréenne.
La modulation de la voix ainsi que sa douceur dans les aigus a été
magnifiquement reproduite. Le tweeter à ruban est vraiment un
excellent transducteur car la façon de chanter de Youn Sun Nah très
près du micro peu parfois amener quelques duretés si le haut du
spectre n'est pas géré de façon exemplaire et que la mezzo se lance
dans un scat enragé ou dans des vocalises de soprano...
Là encore, la guitare de Wakenius sonne de façon très naturelle et
conformément à ce que pourrait délivrer un large bande performant sur
l'ensemble de sa bande de fréquences. Le filtrage semble vraiment
avoir été réalisé dans les lettres de l'art.
Passons à l'étape suivante avec la chanteuse de jazz soul le
plus énigmatique de l'histoire de la musique noire, la dénommée
Rachelle Ferrell, et ses enregistrements live à Montreux.
De même qu'avec les « montées dans les tours » de Youn Sun Nah, la
chanteuse nord-américaine ne pose pas plus de soucis aux Metro
Gold. La cohérence des timbres de la voix de la diva impressionne sur
la totalité des octaves chantées. Les attaques de piano sont aussi
très nettes, faisant état sans doute d'une réponse impulsionnelle en
progression par rapport à la première version.
L'ambiance live du concert est également très bien reconstituée avec
une sensation de profondeur accrue ainsi que d'une scène sonore assez
étendue.
Ce qui m'a frappé, c'est que les changements d'interprètes féminines
sont vraiment marqués à l'écoute des Metro Gold 2, davantage en tous
cas qu'avec les Vivid, ce qui témoigne d'une justesse de timbre sans
doute d'un très haut niveau avec mes hôtes américaines.
Sur les grandes masses symphoniques, les enceintes de Carl
Marchisotto arrivent à recréer une superbe image tridimensionnelle,
avec un grave charpenté mais rapide et sec.
C'est impressionnant comme elles arrivent à descendre dans les très
basses fréquences avec une cette tenue et ce niveau. La réponse est
subjectivement très bonne, même si en retrait par rapport à mes
grosses Vivid Audio dans l'infra grave.
Un ami passé entendre cette nouvelle version à la maison (il possède
une paire de Metro Gold originales) a été surpris par l'image stéréo
et le fait que les Metro Gold 2 arrivent à occuper l'espace de ma
pièce comme si elles étaient beaucoup plus imposantes. Il a raison, je
pense que je pourrais très bien vivre avec une paire de Metro Gold
sans ressentir le besoin d'évoluer vers les modèles supérieurs, plus
encombrants.
Sur l'enregistrement de Pentatone Classics de Marc Albrecht dirigeant
l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg dans la Symphonie en Fa
dièse, opus 40 de Korngold, les impacts de l'orchestre ainsi que la
tenue des transitoires m'a parue excellente pour ce type de
colonnes. En fait, je ne me rappelle pas avoir entendu des enceintes
de cette taille qui soiussi précises et transparentes.
Il y a aussi une très grande lisibilité entre le haut et le bas médium
qui fait que rien ne sonne jamais vraiment sombre, ou tronqué par une
réponse en fréquences qui ne serait pas assez linéaire.
L'articulation dans le scherzo du second mouvement m'a semblé
également excellente. C'est superbement fait et encore là, le filtrage
est indétectable : tout coule de façon très fluide, presque
liquide. Le résultat dépendra bien évidemment de l'amplification qu'on
mettra en amont de cette paire d'enceintes au rendement plutôt bas (87
dB).
Ce ne sont pas des enceintes particulièrement difficiles à faire
marcher, mais comme toute enceinte haut de gamme, la Nola Metro Gold 2
donnera son plein potentiel avec les meilleures électroniques.
Le petit amplificateur numérique tout en un Lumin M1 avec ses 50 W de
puissance sous 8 Ohms a su les faire fonctionner très correctement
sans pour autant arriver à l'ouverture et le niveau de réalisme de
deux Luxman M800a en mode bridgé, accompagnés d'une source digitale et
d'un préampli de très haut niveau. On peut donc espérer obtenir
d'excellent résultats en mariant ces enceintes avec une large
diversité d'amplificateurs à tubes ou à transistors.
Sur de très belles formations baroques à l'instar de celle du Maestro
Biondi (Europa Galante), on atteint avec mes pensionnaires américaines
une débauche d'émotion et de timbres que j'ai rarement rencontrée.
C'est beau. Que convient-il de dire de plus ? « I Concerti dell'Addio
» bouleversent et déchirent. A ce moment que peut-on penser si ce
n'est qu'il faut absolument garder ces enceintes ? Je me revois plongé
dans l'atmosphère baroque et majestueuse de la biennale vénitienne,
avec un Biondi d'une éloquence exceptionnelle.
Les Nola insufflent de l'air partout, même dans le grave et le bas
médium. C'est riche, les harmoniques apparaissent de toutes parts, et
les hautes fréquences ont à la fois une définition, un filé, une
luminosité ainsi qu'une douceur inouïs.
Alors, pour ne pas oublier les fans de musique amplifiée, il
fallait bien sûr mentionner quelques expériences faisant sortir les
Nola Metro Gold 2 en dehors de leur zone de confort qu'est la musique
acoustique.
Un album de Queen est toujours un bon test, même si le remastering
japonais DSD permet quand même d'arrondir les angles.
Sur le dernier album du groupe "Made in Heaven" de 1995 (celui dont la
pochette est une photo de la statue de Freddy Mercury érigée au bord
du lac Léman à Montreux), j'ai pu apprécier à la fois le filé dans les
aigus du tweeter à ruban (vraiment magnifique) ainsi que la qualité du
grave.
Je ne me retrouve pas vraiment dans les mesures qui ont été prises par
J. Atkinson pour Stereophile de la première version des Metro
Gold. Subjectivement, l'équilibre n'est en rien physiologique et la
courbe de réponse au point d'écoute semble en effet très équilibrée,
avec des registres très denses, qu'il s'agissent des aigus, du médium
(qui est vraiment extraordinaire) ou du grave.
Les Nola s'adaptent parfaitement à cette musique pop rock romantique
et sophistiquée.
Ce qui impressionne est cette extension dans les aigus avec une
définition exceptionnelle et en même temps un niveau de distorsion
extrêmement bas. Je n'ai jamais, quel que soit le type de musique
écoutée avec les Metro Gold 2, ou quel que soit le niveau sonore,
ressenti de fatigue auditive durant ces quelques semaines passées avec
mes pensionnaires américaines.
A l'écoute du groupe américain de Steve Lukather et David
Paich, Toto, les Metro Gold 2 donnent également beaucoup de
plaisir, même si le niveau de pression acoustique n'est pas réellement
comparable à celui que je peux ressentir à l'écoute de mes Vivid Audio
G1.
Les Nola ne sont clairement pas des Wilson ou des Vivid qui vont vous
faire ressentir l'énergie démoniaque d'un groupe de hard rock presque
comme si vous y étiez. En même temps, elles restent polyvalentes en
comparaison d'enceintes comme celles du manufacturier Sonus faber (à
format et budget comparable bien évidemment).
Autant ces deux marques vont rivaliser en termes de qualité de timbres
et de fluidité du message sonore, ainsi que dans la restitution de la
magie d'une scène d'opéra, autant les Nola vont prendre l'avantage en
ce qui concerne la reproduction d'un enregistrement live de musique
pop-rock, là où les italiennes deviendront à mon avis un peu trop
sages et trop lisses...
Conclusion:
Cette nouvelle génération de Nola Metro Gold est excellente. Elles
sont indubitablement chères, mais la qualité de fabrication est au
rendez-vous et le plaisir qu'elles procurent à l'écoute est du plus
haut niveau.
C'est en tout cas une paire d'enceintes avec laquelle je pourrais
vivre sans problème, et je n'ai eu à aucun moment l'envie de revenir
vers mes chéries sud-africaines. Non, ce qu'a réalisé Carl Marchisotto
force le respect.
On parle souvent à tord et à travers de musicalité, terme qui ne veut
rien dire à part signifier qu'on a éprouvé beaucoup de plaisir à
l'écoute d'un équipement audio.
Et bien alors, ces Nola Metro Gold 2 sont hautement "musicales", dans
le sens où elles sont tout simplement un concentré d'extase
auditive...
Et si Nola Speakers est une marque encore injustement méconnue en
France, ces enceintes méritent certainement d'être écoutées car ce
qu'elles savent faire, peu de réalisations concurrentes sont capables
de le délivrer, voire même de l'approcher. La Metro Gold 2 est sans
aucun doute une très grande enceinte, à laquelle nous attribuons
logiquement notre meilleure recommandation d'achat.
Joël Chevassus - Septembre 2017
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